La Roumanie, un des derniers pays européens à avoir réalisé son unité nationale au début du XXe siècle, après avoir été longtemps ballottée entre les puissances, est aujourd'hui à la recherche de sa pleine et entière intégration au sein de l'Union européenne.
Cioran se plaignait que le peuple roumain n'ait pas participé à la Grande Histoire, mais si les Roumains n'ont pas fait l'histoire, celle-ci s'est faite chez eux, sur l'isthme Baltiquemer Noire, là où se sont déversées migrations et invasions orientales depuis l'Empire romain jusqu'au déferlement de l'armée Rouge à l'été 1944. Tout en décrivant comment la Roumanie a été l'enjeu entre des puissancesá- les Romains, les Barbares, la Hongrie, l'Empire mongol de la Horde d'or, la Turquie et enfin la Russie -, l'auteur fait justice d'une certaine historiographie décrivant avec complaisance les Roumains comme d'éternelles victimes innocentes.
Lire l'Histoire de la Roumanie, c'est donc lire le cheminement sinueux de trois principautés hétérogènesá- Valachie, Moldavie, Transylvanie - vers l'unité nationale, et comprendre que, celle-ci est récente et ne s'enracine pas dans un passé lointain et mythifié. Aujourd'hui pays jeune, la Roumanie a encore à se débarrasser des pesanteurs d'une histoire mouvementée pour tourner les yeux vers l'avenir que lui réserve son appartenance à l'Europe des Vingt-Sept.

Agrégé et docteur en histoire, ancien élève de l'Ecole normale supérieure, Traian Sandu est professeur agrégé au Centre interuniversitaire d'études hongroises de l'université de Paris III-Sorbonne Nouvelle. Il a effectué sa thèse sur les relations francoroumaines dans l'entre-deux-guerres et travaille aujourd'hui sur le fascisme roumain et l'élargissement européen à l'est.